Une nouvelle semaine commence, un mois se termine, un bien étrange mois de juillet. Parfois il semblait que nous étions déjà en automne, sous les grisailles et les premières froidures. Certaines plantes souffrent toujours de la sècheresse par ici. D'autres par contre, comme cette fleur d’hibiscus blanche, semblent d'une santé éclatante. Que disent nos poètes? ils sont ma boussole parfois. Qui lit encore de la poésie de nos jours? Joumana Haddad a fait le calcul dans son ouvrage: "j'ai tué Schéhérazade", un calcul amusant. IL existe plus d'auteurs qui se disent poètes que de lecteurs qui achètent des livres de poésie. La poésie, un art en train de mourir? Non, non, l'art est peut être un regard sur des choses mortes, une sorte de défi humain un peu comique, un refus de la mort, une immortalisation du regard? Je ne sais vraiment, j'accumule les mots comme on jette des pensées sur du papier sans savoir où cela mène. " J'ai tué la belle althéa". En prenant sa photo ne l'ai-je pas tué un peu? Oh, je vous rassure la vrai fleur continue sa courte vie dans la lumière. Comme Joumana, j'écris, après tout, il faut bien "tuer" quelque chose pour rester en vie !
Bises mes si chères Amies.
Ivano
Bises mes si chères Amies.
Ivano
Guillaume COLLETET (1598-1659)
Plainte poétique
Ferais-je encor des vers ? Ami, j'en ai tant fait !
Plus j'enrichis ma langue, et moins je deviens riche,
Mon esprit abondant laisse ma terre en friche,
Et le vent de l'honneur n'emplit pas mon buffet.
Un poète accompli n'est plus qu'un fou parfait,
Dès qu'il prodigue un bien dont il doit être chiche ;
Ce n'est plus qu'une idole, et sans base et sans niche,
Qu'on flatte en apparence et qu'on berne en effet.
Je rougis de pâlir si longtemps sur un livre ;
De me tuer toujours pour vouloir toujours vivre,
D'affliger mon esprit pour divertir autrui ;
De posséder un nom dont le bruit m'importune,
De m'élever si haut, et n'avoir point d'appui,
D'être bien chez la muse, et mal chez la fortune.
Plainte poétique
Ferais-je encor des vers ? Ami, j'en ai tant fait !
Plus j'enrichis ma langue, et moins je deviens riche,
Mon esprit abondant laisse ma terre en friche,
Et le vent de l'honneur n'emplit pas mon buffet.
Un poète accompli n'est plus qu'un fou parfait,
Dès qu'il prodigue un bien dont il doit être chiche ;
Ce n'est plus qu'une idole, et sans base et sans niche,
Qu'on flatte en apparence et qu'on berne en effet.
Je rougis de pâlir si longtemps sur un livre ;
De me tuer toujours pour vouloir toujours vivre,
D'affliger mon esprit pour divertir autrui ;
De posséder un nom dont le bruit m'importune,
De m'élever si haut, et n'avoir point d'appui,
D'être bien chez la muse, et mal chez la fortune.