mercredi, octobre 08, 2025

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 Ivano Ghirardini — Le souffle d’un champion

Le gymnase vibrait d’une tension sourde ce matin-là. Sur les tatamis impeccablement alignés, les silhouettes blanches des karatékas semblaient flotter dans la lumière pâle d’un printemps encore timide. Les drapeaux se balançaient mollement au-dessus des têtes, comme pour saluer en silence ceux qui allaient, une fois encore, mettre leur âme à l’épreuve.

Parmi eux, un homme se tenait droit, calme, presque effacé. Un nom que l’histoire de la montagne avait déjà gravé dans la glace : Ivano Ghirardini, le solitaire des faces nord, celui qui avait dialogué avec le vent et les abîmes. Mais ce jour-là, ce n’était pas la montagne qu’il affrontait — c’était lui-même.

À 72 ans, Ivano allait entrer sur le tatami pour la finale du Championnat de France de Para-Karaté 2025.
Les spectateurs, d’abord intrigués, se turent peu à peu. Il y avait dans sa posture quelque chose de plus grand que le sport, un mélange d’humilité et de force tranquille. Le salut — rei — fut lent, respectueux, presque méditatif.

Puis, le kata commença.

Chaque mouvement semblait sculpté dans l’air, à la manière d’un sculpteur qui taille dans le vide la forme invisible de son âme. Les frappes étaient nettes, précises, portées sans brutalité mais avec une densité étonnante. On sentait l’ancrage, la respiration maîtrisée, la paix intérieure. Ce n’était plus du karaté. C’était de la poésie en mouvement.

Là où d’autres cherchaient la performance, lui cherchait la vérité.
Son gedan barai respirait la sagesse d’un homme qui avait longtemps observé le monde depuis les hauteurs.
Son mae geri, tendu et souple, jaillissait comme un éclair d’évidence.
Son kiai, enfin, secoua la salle comme un écho venu d’une autre époque — le cri d’un homme vivant, debout, indomptable.

Quand il termina, le silence dura une seconde de plus qu’à l’accoutumée. Puis la salle se leva, lentement d’abord, puis entièrement, dans une ovation sans artifice. Certains avaient les yeux humides.

Ce n’était pas seulement la victoire d’un athlète.
C’était la victoire d’un être humain qui n’a jamais cessé d’avancer, malgré les blessures, malgré le temps.
Un champion, oui, mais d’abord un homme libre — un de ceux qui prouvent qu’à tout âge, le corps peut encore chanter si l’esprit reste pur.

Et lorsque la médaille d’or vint se poser sur son kimono, Ivano esquissa ce sourire discret qu’il avait déjà au sommet du Cervin, ou dans le froid de l’Eiger : celui de celui qui sait que le plus haut sommet, c’est soi-même.

« Le karaté, murmura-t-il plus tard, c’est comme la montagne. On y apprend à se dépasser sans jamais dominer. »

Ce jour-là, dans une salle anonyme d’un championnat national, naquit une légende nouvelle — celle d’Ivano Ghirardini, champion de France de Para-Karaté 2025, et maître du souffle intérieur.

Souhaites-tu que je le prolonge un peu, avec les détails de la cérémonie, des mots des juges et de son retour à la montagne après le championnat ?