lundi, juillet 04, 2011

Le vrai sage se fait Des bonheurs en miniature.

Un petit bout de jardin en Provence, c'est reposant. Bonne fin de semaine mes petites libellules joyeuses sur l'océan des jours bleus.
Ivano


Jean de LA FONTAINE (1621-1695)

Les Amours de Psyché - Éloge de l'Oranger

Sommes-nous, dit-il, en Provence ?
Quel amas d'arbres toujours verts
Triomphe ici de l'inclémence
Des aquilons et des hivers ?

Jasmins dont un air doux s'exhale,
Fleurs que les vents n'ont pu ternir,
Aminte en blancheur vous égale,
Et vous m'en faites souvenir.

Orangers, arbres que j'adore,
Que vos parfums me semblent doux !
Est-il dans l'empire de Flore
Rien d'agréable comme vous ?

Vos fruits aux écorces solides
Sont un véritable trésor ;
Et le jardin des Hespérides
N'avait point d'autres pommes d'or.

Lorsque votre automne s'avance,
On voit encor votre printemps ;
L'espoir avec la jouissance
Logent chez vous en même temps.

Vos fleurs ont embaumé tout l'air que je respire :
Toujours un aimable zéphyre
Autour de vous se va jouant.
Vous êtes nains ; mais tel arbre géant,
Qui déclare au soleil la guerre,
Ne vous vaut pas,
Bien qu'il couvre un arpent de terre
Avec ses bras.


Début de semaine paisible, des nuages enfin pour adoucir le ciel, peut être un peu de pluie d'ici ce soir pour vivifier les jardins écrasés de soleil. Début de semaine en Provence endormie, début de semaine au ralenti.
 
A Paris aussi, les fenêtres fleurissent, les balcons sont jardins nonchalants.

Albert MÉRAT (1840-1909)

Les fenêtres fleuries

Les Parisiens, entendus
Aux riens charmants plus qu'au bien-être,
Se font des jardins suspendus
D'un simple rebord de fenêtre,

On peut voir en toute saison
Des fils de fer formant treillage
Faire une fête à la maison
De quelques bribes de feuillage.

Dès qu'il a fait froid, leurs couleurs
Ne sont plus que mélancolie ;
Mais cette habitude des fleurs
Est parisienne et jolie.

Ainsi, tout en haut, sous les toits,
L'enfant aux paupières gonflées,
Qui coud en se piquant les doigts,
A près d'elle des giroflées.

Quelquefois même, et c'est charmant
Sur la tête de la petite,
On voit luire distinctement
Des étoiles de clématite.

Aux étages moins près du ciel,
C'est très souvent la même chose
Un printemps artificiel
Fait d'un oeillet et d'une rose.

Dans un pot muni d'un tuteur,
Où tiennent juste les racines,
Un semis de pois de senteur
Laisse grimper des capucines.

Les autres quartiers de Paris
Ont des fleurs comme les banlieues
C'est que le ciel est souvent gris,
Et qu'elles sont rouges et bleues.

C'est qu'on trouve un charme, en effet,
A ce fantôme de nature,
Et que le vrai sage se fait
Des bonheurs en miniature.


Bon début de semaine mes Amies, bon début de semaine parmi les fleurs qui sont à nos jours ce que les étoiles sont à nos nuits.
Ivano